Par Ibrahima Khaliloullah NDIAYE
L’euphorie de la victoire de nos « Lions », que je qualifierais de « Jaambars » comme nos soldats, est encore loin de s’estomper. L’ivresse collective sera toujours entretenue par ces merveilleux souvenirs d’une victoire de nos braves ambassadeurs qui s’est finalement dessinée au bout d’une longue attente. Elle nous hisse au firmament du gotha du foot mondial. La fierté d’appartenir au Sénégal, cet espace géographique marqué par une stabilité et une paix que nous envie le monde, est encore aujourd’hui plus que jamais renforcée. On pourra, pour emprunter un langage militaire, « dégager et bomber le torse » avec cette première étoile sur notre maillot. Ces images de liesse et de bonheur ont été rendues possibles par la paix qui n’est pas un « vain mot » au Sénégal où la cohabitation et le métissage entre groupes ethniques est plus qu’une réalité, mais surtout parce que le « sanctuaire national » ou encore territoire national est bien protégé par un maillage bien étudié et élaboré.
Un seul bémol à ces réjouissances collectives : nos sept autres « Jaambars » retenus en otage par le rebelle Salif Sadio n’ont pu communier avec tous les compatriotes qui ont laissé éclater leur joie partout à travers le monde. Le drame n’est pas que ces braves soldats soient pris en otages ou servent de monnaie d’échange tant leur bravoure, engagement, professionnalisme et caractère républicain sont chantés et déclinés sous tous les tons. Le drame, c’est quand certains « journalistes » se laissent instrumentaliser par quelqu’un qui s’attaque aux fondements de la République. Il est pourtant acquis que quiconque prend les armes contre la République devrait mériter la potence. En participant à la propagande de Salif Sadio, ces « journalistes » s’attaquent ainsi à l’unité nationale et fragilisent nos Forces de défense et de sécurité qui se sont toujours illustrées dans la défense et la préservation de la paix et de la sécurité mondiales. C’est justement le devoir de solidarité et d’anticipation qui nous amène à déployer nos forces sur différents théâtres et missions de paix. Que ce soit aujourd’hui au Mali, en Gambie, en République démocratique du Congo, hier en Guinée-Bissau, au Libéria, ou encore sur des terrains minés et plus éloignés, les « Jaambars » ont partout joué leur partition. Ces mêmes « Jaambars » qui ne se sont jamais empêtrés dans le jeu politique par la tentative de coup d’État dans une Afrique encore tourmentée et déboussolée par ces coups d’éclat qui ressurgissent avec force et vigueur.
Ainsi donc de pseudos confrères participent à saper le moral de la troupe, très déterminant pour l’opérationnalité des unités. À cela, il faudra ajouter les effets psychologiques et moraux sur les prisonniers et les autres soldats, mais aussi les préoccupations chez les parents et proches. Nombre de rédactions ont reçu la vidéo de propagande montrant nos soldats que Salif Sadio a voulu humilier. Certains ont choisi, avec responsabilité, de ne point la diffuser. Démontrant ainsi que le journalisme ne se résume pas à une simple maîtrise des règles de collecte et de traitement de l’information. Le journalisme, c’est surtout l’attachement d’un certain nombre de règles d’éthique et de déontologie autour desquelles s’arrime le professionnel des médias. Tout à leur honneur donc. Contrairement à d’autres.
Le journaliste informe juste et vrai dans le respect strict de l’éthique et de la déontologie, mais ne doit pas se mettre au service d’un brigand qui remet en cause l’unité de la République, qui pille les ressources de la région naturelle de la Casamance, s’adonne à la culture à grande échelle du chanvre indien et qui est responsable de dizaines de morts, d’atrophiés, de milliers de déplacés…
Il est vrai aussi que les réseaux sociaux et nombre de sites d’information ou de désinformation, c’est selon, ont servi de relais à ce film dégradant. D’où encore l’urgence de « nettoyer et d’assainir », une expression très usitée dans la corporation journalistique. Et vivement qu’on fasse taire cette horde d’«imbéciles » comme les appelait le célèbre universitaire et écrivain italien Umberto Eco décédé en 2016. D’ailleurs l’une des plus belles expressions sur internet et les réseaux sociaux pouvant étayer l’irresponsabilité de ceux qui font le jeu de Salif Sadio est de lui : « Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui, avant, ne parlaient qu’au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu’aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. C’est l’invasion des imbéciles ».
Mais aussi qu’ils s’imprègnent des notions de « Secret défense » qui renferme certes une définition très large : « présentent un caractère de secret de la Défense nationale… les renseignements, procédés, objets, documents, données informatiques ou fichiers intéressant la Défense nationale qui ont fait l’objet de mesures de protection destinées à restreindre leur diffusion ». Et aussi peu précise puisque « peuvent faire l’objet de telles mesures les renseignements, procédés, objets, documents, données informatiques de fichiers dont la divulgation est de nature à nuire à la Défense nationale ou pourrait conduire à la découverte d’un secret de la Défense nationale ».
Aussi, en France, le secret de la Défense nationale, « une protection légale comptant plusieurs niveaux, permet de restreindre l’accès à certaines informations intéressant celle-ci aux seuls personnels qualifiés pour les connaître ». L’attitude noble de tous les médias et autres supports qui ont reçu la vidéo aurait été d’envoyer et d’informer la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa).