Par Hancy PIERRE
Professeur Travail Social et Migration, Université d’Etat d’Haïti et At the University of Findlay, Ohio, USA.
Professeur Anthropologie et Sociologie des Relations Internationales, UNITECH
Le déferlement de déportés haïtiens des Etats Unis d’Amérique sous l’administration de Biden, en fin de septembre de 2021, se présente comme une grande surprise au peuple haïtien. En effet, l’expulsion de près de 15,000 migrants regroupés depuis quelques jours sous un pont dans la ville frontalière de Del Rio, au Texas, défie les chroniques de l’actualité. C’est un événement qui a créé de l’émoi du côté de toutes celles et de tous ceux qui abordent l’émigration comme une fatalité. La posture menaçante des rênes des garde-forêts de leur cheval qui font le tour en l’air pour repousser les migrants (Reuters, 21 septembre 2021), rappelle des moments sombres de l’esclavage colonial. Récemment, c’était le spectacle des migrations massives d’africains et d’autres minorités vers l’Europe et le spectre des politiques restrictives en matière d’immigration contradictoires au principe de libre circulation de personnes para rapport à la libre circulation de marchandises. Dans les années 1980, la crise migratoire qui a mis sur la sellette les cas haïtiens et cubains fut un choc, respectivement dans les phénomènes de Boat People et de Marielitos. Mais ces groupes minoritaires ont eu gain de cause dans le cadre de la mobilisation de l’opinion publique et la lutte des organisations de la diaspora appuyée par des secteurs des églises, des groupes des droits humains et des alliances dans la société américaine. Ce qui allait au-delà du fatalisme pour promouvoir des politiques compréhensives en matière de migration.
Le rebondissement des déportations massives des haïtiens de la frontière du Texas dans l’indignité a suscité des attitudes à pouvoir assimiler la migration à une praxis répétitive. Ce qui donne lieu à considérer la migration comme une réalité ahistorique. La perspective immédiatiste de la migration ne convient qu’a cerner des facettes qui mettent à nu les pires aspects qui alertent généralement tout le monde dans les moments de crise, soit le cas des déferlements des compatriotes haïtiens frappés par des mesures de déportation en cours. C’est plus qu’affreux pour plus d’un quand il est prévu l’accélération du rythme des vols d’expulsions vers Haïti et d’autres destinations selon un communiqué du ministère de l’intérieur selon le Nouvelliste du 18 septembre 2021.
Les migrations ont alimenté l’expérience des hommes et des femmes dans leur quête de connaissance. Ces derniers en ont profité pour transformer la nature et, de là, satisfaire leurs besoins. De plus en plus, les objectifs de la migration se trouvent diversifiés et controversés. La logique marchande et l’opportunisme tendent à dévier la migration de sa portée d’universalité. La migration est l’un des problèmes sociaux contemporains à côté de l’insécurité alimentaire, le terrorisme ou le narcotrafic. Ainsi La migration n’est pas une fatalité. Elle n’est pas à la merci des invocations ni associée à une bénédiction spéciale d’un groupe social donné. Il existe ainsi des politiques pour gérer les migrations en termes de démarches systématiques en guise de rupture à tout héritage qui laisse le champ libre aux caricatures et aux fantaisies des uns ou des autres .Ce, pour se démarquer désormais des aprioris, préjugés et prénotions dominants jusqu’à une certaine époque.
A propos du dossier migratoire dans le cas des Etats Unis, il a aussi ses revers dans le cadre des différentes administrations. Il reste un point crucial dans les relations entre Haïti et les Etats Unis d’Amérique. Le traitement du dossier est varié et dépend des soubresauts des conjonctures et de l’acuité des luttes sociales et des échos dans l’opinion publique. Ce, de Kennedy (1960) à Thrump (2020) suivi de Biden.On a pu voir le principe de quota appliqué aux pays de l’hémisphère occidental à partir de 1976 dont Haïti sous le gouvernement de Carter. Ensuite, Clinton a dicté les lois les plus restrictives aux états Unis contre les immigrants. Mais il y a eu aussi des promesses électoralistes qui ont eu gain de cause pour des candidats à leur réélection et c’était le cas d’Al Gore qui encourageait la naturalisation massive des immigrants ayant le Legal Permanent Resident (LPR).Ainsi la portée restrictive des politiques migratoires aux Etats Unis se maintient et reste dominante, indépendamment du courant politique lié au parti au
Sous l’administration d’Obama, les déportations ont accru des scores importants si ce n’était l’adoption du TPS après le 12 janvier 2010.Les demandes du président Préval pour bénéficier du Temporay Protection Special (TPS) aux victimes de quatre ouragans en 2008 n’ont pas retenu l’attention du président Obama. Tout porterait à croire que les républicains ont agi différemment dans les mesures favorables de Reagan mais associées à des restrictions dans l’accord de 1981 et aussi le rejet de demandes d’asile considérés comme de refugies économiques.