En Tunisie, on l’appelle encore de nos jours, la « génération RAI 1 ». Il s’agit des Tunisiens qui suivaient dès les années soixante les programmes de la chaîne italienne, la première chaîne européenne à avoir été diffusée en Tunisie, bien avant l’arrivée de la chaîne française « Antenne 2 » (ancienne dénomination de France2), dont les programmes ont été diffusés pour la première fois en Tunisie en 1989 sur les ondes tunisiennes, alors que la RAI connaissait déjà une diffusion depuis 1960. C’est bien à cette époque-là, que les habitants de Tunis commenceront à suivre les programmes en langue italienne, un protocole d’accord avait été alors conclu entre la RAI et le Secrétariat d’Etat Tunisien à l’Information, à l’occasion des Jeux olympiques de Rome. Cet accord prévoyait l’installation d’un répétiteur (aux frais de l’Etat italien) installé sur le mont Boukornine situé dans la banlieue sud de Tunis. A partir de ce moment-là, les Tunisiens pouvaient suivre tous les programmes de RAI 1, exactement comme leurs cousins italiens. Cet accord entre les deux Etats avait une durée déterminée, une durée qui ne fut jamais respectée et c’est ainsi que Rai 1 devint la première chaîne la plus regardée en Tunisie. C’est d’ailleurs grâce à cette chaîne de télévision, qu’aujourd’hui encore, des Tunisiens s’expriment parfaitement en italien, révélant une très bonne connaissance de tous les programmes et des chansons italiennes.
Il suffit de demander à nos amis sexagénaires aimant de RAI 1, qui étaient les vedettes de l’époque, comme Pippo Baudo ou bien Raffaella Carrà que l’Italie vient de perdre suite à une longue maladie.
L’adieu à la showgirl, présentatrice, chanteuse et danseuse, décédée le 5 juillet 2021 à l’âge de 78 ans, a été donné par le monde du spectacle. «Raffaella nous a quittés. Elle est partie dans un monde meilleur, où son humanité, son rire incomparable et son extraordinaire talent brilleront à jamais». Avec ces paroles, Sergio Iapino, son compagnon depuis toujours, a fait la triste annonce en s’unissant à la douleur des petits-enfants bien-aimés, Federica et Matteo, de Barbara, Paola et Claudia Boncompagni, des amis d’une vie et des collaborateurs plus proches.
Raffaella Carrà est née le 18 juin 1943 à Bologne (Italie) et elle a été très célèbre en Italie, en Espagne, en Amérique latine et aussi en Tunisie. Les années soixante sont les premières années de la libéralisation de la femme en Italie, le début du féminisme, de la lutte pour le droit à l’avortement, au divorce…Ses jambes et son ventre dénudés font scandale à la télévision italienne, avec sa chanson « Tuca, tuca » (touche, touche). Cette libéralisation soulève la réaction parfois violente de l’église, des retardataires du progrès, des bigots de tout genre et bien évidemment de l’extrême droite conservatrice, de la Démocratie Chrétienne, etc. mais Raffaella ignore tout ce monde et sa voix se lève parmi d’autres femmes actrices, chanteuses, qui revendiquent l’égalité devant la loi.
En effet, Raffaella n’a pas été seulement une excellente showgirl, chanteuse et présentatrice, elle avait un côté humain assez développé et pendant toute sa vie, elle a toujours revendiqué le droit à la vie, le droit à l’enfance, et la liberté de la femme et de toutes les minorités, la lutte contre l’ensemble des contraintes d’ordre naturel ou social, desquelles parfois nous-mêmes encore, ne pouvons échapper..
L’article Mes odyssées en Méditerranée | Adieu Raffaella!… Toute une génération en deuil est apparu en premier sur La Presse de Tunisie.