Tantôt, c’est le gouvernement qui décrète une exception pour faire jouer un match de football avec la présence du public au grand dam du ministère de la Santé, tantôt, c’est le ministère de la Santé qui autorise un congrès de l’Ugtt contre l’avis du gouvernement. La valse des autorisations aberrantes continue au moment le plus fort de la pandémie sur notre sol.
La dernière déclaration de Nissaf Ben Alaya, porte-parole du ministère de la Santé, a jeté un pavé dans la mare. Elle y affirme jeudi 9 juillet 2021 que le système de la santé s’est effondré littéralement. Les Tunisiens sont aux abois, ne sachant plus à quel saint se vouer. Au moment où la pandémie fait rage et frappe durement le pays à coups de milliers de cas et de centaines de morts quotidiens, la consternation est totale. Mais où va-t-on ? Avec tous ces rassemblements qui continuent d’avoir lieu un peu partout, on s’étonne encore du taux élevé de positivité qui dépasse les 30%.
Interdit ou permis ?
Même si l’impunité qui sévit commence à peine à fléchir à coups de milliers de contraventions et d’amendes envers les fraudeurs qui ne portent pas la bavette notamment, cela suffira-t-il à mettre un frein au comportement irresponsable des citoyens? En espérant qu’il ne sera pas trop tard avec toutes ces mauvaises habitudes que les Tunisiens ont acquises depuis l’an dernier, il y a matière à réflexion. Les Tunisiens bravent trop les interdits ou l’absence d’interdits comme on l’a vu avec les baigneurs dominicaux à La Marsa, si bien que le maire de la ville est venu en personne pour évacuer la place et sortir tout ce beau monde au moment où le risque de contamination épidémiologique est très élevé et important.
Les soirées et festivités continuent dans certaines villes quelque peu épargnées par une contamination au virus comme on l’a vu à Gafsa, bien que cela semble inconscient de leur part. Des images et vidéos circulent sur les réseaux sociaux montrant un nombre important de personnes rassemblées à un mariage à Gafsa, simplement au motif qu’elles ne soient pas confinées ou qu’il n’y ait pas de couvre-feu qui s’impose. A croire que cette région n’est pas en Tunisie et que le virus Sars-Cov-2 et son variant indien fortement transmissible ne circulent pas entre les régions. On marche vraiment sur la tête. Les efforts pour lutter contre la propagation de la maladie ne sont pas les mêmes entre les citoyens et souvent diamétralement opposés. Quand on voit l’un d’eux distribuant gratuitement des masques chirurgicaux à ses voisins de quartier comme à Bizerte où des personnes sensibles à ce sujet, un autre fait fi de ces règles et circule actuellement sans bavette, malgré son test-PCR positif pour la seule raison qu’il soit asymptomatique.
En attendant, les morts se comptent par centaines depuis au moins une semaine et le nombre de cas est devenu effarant. Avec un taux de positivité des tests de près de 40%, on devine que c’est une personne sur trois qui est susceptible d’avoir le covid-19 actuellement parmi les personnes testées. Angoissant. Non, le covid-19 n’arrive pas qu’aux autres et touche de plus en plus près de nous, dans notre entourage familial ou amical ou de travail. On est plus que jamais concernés. Un citoyen, qui fait la queue dans une très longue file d’attente à l’extérieur d’une banque en milieu de semaine et en pleine canicule, affirme pourtant : «J’ai plus peur du covid-19 que d’une insolation ». Bien entendu ! Voilà un message qui passe auprès des autres et peut provoquer un électrochoc attendu.
Malheureusement, «Là où il n’y a pas de mention interdit, le Tunisien pense que tout est toléré», affirme un autre citoyen bien averti. Exactement, c’est une particularité tunisienne. Le Tunisien a souvent besoin qu’on lui permette formellement quelque chose ou interdise clairement telle ou telle attitude ou endroit pour se plier à la règle. Il ne veut pas être seul à faire des efforts. Par contre, il peut ne plus en faire du tout au moment où beaucoup d’autres en font encore.
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