Publié le : 13/07/2021 – 08:39
Des dizaines de manifestations antigouvernementales ont éclaté à Cuba, dimanche. En réponse, le président Miguel Diaz-Canel a appelé ses partisans à descendre dans la rue.
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« À bas la dictature ! » Excédés par la crise économique, des milliers de Cubains sont descendus dans les rues à travers le pays, dimanche 11 juillet. Des manifestations historiques et d’une ampleur inédite depuis la révolution de 1959 provoquées par plusieurs facteurs dont la crise économique, la pandémie de Covid-19 et le développement d’Internet.
Lors d’une allocution télévisée lundi 12 juillet, le président Miguel Diaz-Canel a reconnu « l’insatisfaction » que peuvent ressentir les Cubains, il a cependant a accusé Washington d’être à la manœuvre des manifestations et a appelé ses partisans à répliquer dans la rue.
Quatre ans et demi après la mort de Fidel Castro et trois mois après le départ du pouvoir de son frère Raul, beaucoup de Cubains, principalement la jeune génération, veulent désormais des changements. Ils sont ainsi nombreux à réclamer au président et chef du Parti communiste Miguel Diaz-Canel un espace pour d’autres formes de pensée et un dialogue entre différentes opinions. Ce qui génère des tensions politiques avec les partisans révolutionnaires, déterminés à défendre à tout prix l’héritage de Fidel.
Au-delà de ces revendications politiques, les Cubains veulent aussi un meilleur quotidien et plus de libertés économiques pour entreprendre, dans ce pays où l’ouverture au secteur privé avance à petits pas.
• Une grave crise économique, empirée par le Covid-19
Cuba était déjà en crise avant l’arrivée de la pandémie de Covid-19 sur l’île, en mars 2020. Deux raisons principales : le naufrage économique du Venezuela, son principal soutien, et le renforcement de l’embargo par Donald Trump, qui a appliqué 243 sanctions supplémentaires.
Suspension du service Western Union, le plus utilisé par les Cubains pour recevoir de l’argent de l’étranger, interdiction aux navires de croisière américains de faire escale sur l’île, application du titre 3 de la loi Helms-Burton qui a fait fuir nombre d’investisseurs et de banques : les habitants comme le gouvernement ont vite pâti de ces mesures.
Joe Biden n’a pour l’instant pas fait marche arrière sur cette politique.
À cela s’est ajouté l’effet de la pandémie, qui a privé le pays des précieuses devises du tourisme, l’une de ses principales sources de revenus. L’économie cubaine, déjà handicapée par la lenteur des réformes et les lourdeurs administratives de son système socialiste, a vu son PIB chuter de 10,9 % en 2020, son pire recul depuis 1993.
• Files d’attente interminables, manque de devises…
Pour les Cubains, les files d’attente se sont considérablement allongées, alors que s’aggravaient les pénuries d’aliments et de médicaments.
Le gouvernement, en manque de devises, a ouvert plusieurs centaines de magasins en dollars, une monnaie que les habitants reçoivent de leurs familles à l’étranger ou doivent acheter sur le marché noir, les banques cubaines ne la délivrant pas.
Ses difficultés économiques et plusieurs pannes de centrales l’ont aussi poussé à couper l’électricité plusieurs heures par jour, de quoi irriter la population en plein été tropical.
Autre source de friction : la réforme d’unification monétaire entrée en vigueur le 1er janvier, qui s’est certes accompagnée d’une forte hausse des salaires, mais insuffisante face à l’inflation galopante, attendue entre 400 et 500 % cette année.
• Nouvelle vague du Covid-19
Pendant un an, Cuba a fait figure de bon élève en Amérique latine, affichant un faible taux de contagions et de décès. Mais ces derniers mois, les chiffres ont augmenté, et même de façon brusque depuis quelques semaines.
L’île compte désormais 244 914 cas dont 1 579 décès, pour 11,2 millions d’habitants.
La bonne nouvelle est que les scientifiques, forts d’une longue expérience en la matière, ont développé cinq candidats-vaccins, dont l’un a reçu le feu vert de l’autorité nationale de régulation des médicaments le 26 juin. Face à la hausse des cas, les autorités ont commencé dès mi-mai à vacciner, et déjà 1,7 million d’habitants sont immunisés.
• Internet, nouvelle plateforme de mobilisation
L’arrivée de l’Internet mobile fin 2018 a offert à la société civile, surtout aux jeunes, une capacité de mobilisation qui a surpris le gouvernement.