Une vidéo effroyable obtenue par l'ONG Cameroon We Can et disponible depuis samedi matin (13/02/2021, ndlr) sur les réseaux sociaux montre des membres des forces de sécurité camerounaise torturant un jeune homme non armé, au cours d’une opération militaire à Ndu, département de Donga Mantung, région du Nord-Ouest au Cameroun.
Selon nos informations, ces dernières ont pratiqué de graves passages à tabac pour obtenir des aveux d'un civil suspecté d'être le frère d'un membre des groupes séparatistes armés.
La scène s'est déroulée dans l'arrondissement de Ndu le 11 février dernier. Des éléments de l'armée camerounaise tentent par tous les moyens, d'arracher des aveux de ce jeune : coups de machettes sur le dos, sur la poitrine, le ventre, sur la plante des pieds. Tout est mis à contribution pour lui ôter la vie. Les cris de douleurs déchirants de ce civil, laissent ses bourreaux indifférents.
Le jeune homme torturé, Jean Fai Bongong, habiterait le quartier Canty à Ndu, près de la Joseph Merrick Baptist College. Le jeune homme serait toujours entre les mains de l'armée.
Avec cet autre acte de tortures mortelles infligée par l'armée régulière sur un civil aux mains nues, il s'agit de violations graves des droits de l'Homme au sens de la Déclaration universelle des droits de l'Homme (DUDH) de 1948, du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) de 1966, de la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples (CADHP) de 1981, de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (CAT) du 10 décembre 1984, toutes ratifiées par le Cameroun.
Compte tenu de ses engagements internationaux et selon le droit international des droits de l’Homme, le gouvernement camerounais a l'obligation absolue de respecter et de faire respecter le droit à la vie, d'empêcher l'exécution extrajudiciaire de civils, y compris de criminels présumés, que ce soit par la police ou d'autres forces de sécurité, impérativement ouvrir une enquête sur les responsables des abus divers et les traduire en justice.
L'Ong Cameroon We Can, condamne, avec la toute dernière énergie, des actes de tortures infligées par les forces de l'ordre sur les populations civiles et celui des groupes armés pour des atteintes graves contre les droits à la vie .
Nous exigeons, avec fermeté, une commission d'enquête indépendante afin de clarifier toutes les circonstances et d'établir des responsabilités dans un délai très court.
Nous demandons avec insistance, de traduire en justice tous les acteurs de la chaîne qui ont abouti à la torture de ce jeune de Ndu à la lumière de plusieurs jurisprudences et de l'article 28 de la Cour pénale internationale sur la responsabilité des militaires et d'autres dirigeants
L'Ong Cameroon We Can prie enfin la communauté internationale d'intervenir avec effet immédiat pour persuader le gouvernement camerounais d'engager un dialogue inclusif avec les chefs des groupes d'opposition armés par le biais de médiateurs internationaux afin de mettre un terme à la crise en cours qui a causé des souffrances aiguës à la population dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun depuis leur escalade en 2016.
N'oublions pas que l'acte des militaires camerounais à Ndu va encore corser les hostilités, et éloigner d'une sortie de crise, pour un conflit qui a déjà fait de milliers de morts, et fait près d'un million de déplacés.
La cellule de communication de Cameroon We Can
Fait à Montréal, le 15 février 2021