Le CPD appelle à un Front contre la guerre dans le NO-SO et contre l’impunité des bourreaux !
Il y a exactement un an, le 14 février 2020, le Cameroun et le monde se réveillaient avec l’horreur du massacre de Ngarbuh ! Vingt-trois (23) personnes, toutes civiles, dont quinze (15) enfants, des femmes dont une mère enceinte et deux autres (2) mères massacrées en même temps que leurs bébés, des corps calcinés, tel était le bilan macabre de l’attaque de Ngarbuh par des éléments de l’armée camerounaise !
Le gouvernement camerounais tenta alors de masquer ce crime en la présentant comme une attaque des séparatistes contre l'armée ayant fait «cinq (5) morts parmi les terroristes ». Le gouvernement essaya de convaincre l’opinion que les incendies observés sur la scène de crime étaient dus à « des explosions de fûts de carburant de contrebande stockés par les séparatistes » !
Face à l’indignation générale que suscitèrent ces atrocités, et face à la pression nationale et internationale, le gouvernement camerounais dût se résoudre, contre mauvaise fortune bon cœur, à la mise en place d’une commission d’enquête sur ce drame. Mais le rapport complet de cette commission d’enquête n’a jamais été rendu public.
C’est par un communiqué laconique de la Présidence de la République du 21 avril 2020, que l’opinion avait été informée de ce que la Commission a établi la responsabilité des éléments de l’armée camerounaise dans ces tueries et annonçait dans la foulée « l’arrestation de trois militaires impliqués, ainsi que des sanctions disciplinaires contre leur supérieur hiérarchique, le commandant Nyangono Ze Charles Eric ».
L’on peut noter que si cette commission n’a pas voulu établir clairement la chaîne des responsabilités depuis le commandement militaire jusqu’au sommet de l’Etat, se contentant d’indexer quelques ‘Tchinda’, elle a néanmoins clairement établi que le massacre de Ngarbuh et toutes les atrocités y relatives étaient le fait de l’armée camerounaise !
Comme l’écrivait déjà le CPD dans sa déclaration du 27 avril 2020, « Ngarbuh n’est que la face visible de l’iceberg. Ngarbuh n’est malheureusement que l’incarnation médiatisée des horreurs de toutes sortes, qui se déroulent dans les régions anglophones depuis le début en 2017, des affrontements armés entre les groupes séparatistes et les forces de défense ».
Un an après l’horreur de Ngarbuh, le CPD fait un amer constat:
1. Un nourrisson a été complètement calciné le jeudi 11 février 2021 dans l’incendie d’une maison à Batibo dans le Département de la Momo, par les forces armées camerounaises. L’image de ce bébé calciné, diffusé par ‘ Mimi Mefo Info’, dans les bras de son parent inconsolable, est insoutenable et interpelle tout être humain.
2. Les régions du Nord-Ouest et le Sud-Ouest, vivent toujours dans une escalade de la violence, portée aussi bien par l’armée nationale que par les groupes armés qui foisonnent dans ces zones. Les morts ne se comptent plus, les exactions se rivalisent en atrocité, la désolation se lit sur les visages et la précarité est devenue le lot quotidien des populations civiles, qui n’ont pas d’autres choix que de s’installer en brousse pour vivre de la chasse et de la cueillette.
3. Les véritables responsabilités des massacres de Ngarbuh et bien d’autres n’ont toujours pas été établies notamment au sein de l’armée et du gouvernement.
4. Une parodie de procès se déroule à huis-clos, impliquant quelques soldats et sous-officiers et tenant les victimes et les populations éloignées de ce qui est pourtant leur affaire.
5. Aucun hommage véritable, aucune réhabilitation n’ont été offerts aux victimes et à leurs familles esseulées.
6. Aucun enseignement substantiel n’a été tiré du massacre de Ngarbuh, l’armée ayant continué depuis lors son épopée sanglante dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
7. Aucune initiative sérieuse n’a été prise pour le dialogue et la résolution définitive de cette crise, la fin de la guerre et le retour à la paix.
Le CPD rappelle à tous les compatriotes et particulièrement aux gouvernants que le Cameroun dispose, à travers ses traditions, et au-delà des nécessaires procédures judiciaires classiques, des ressources lui permettant de traiter de telles horreurs. En effet, dans nos traditions, lorsque le tissu social a été à ce point déchiré, il est de coutume de procéder par :
∙ La recherche totale et acharnée de la vérité, toute la vérité même lorsqu’elle fait mal ; ∙ La reconnaissance publique et exhaustive des torts causés sans rien occulter de ses responsabilités ;
∙ La contrition des bourreaux et la demande sincère de pardon ainsi que la résolution à assumer les conséquences de ses actes ;
∙ La réhabilitation des victimes afin qu’elles trouvent le repos et que leur sang ne continue de hanter les vivants ;
∙ La réconciliation afin que s’éloigne la malédiction suscitée par l’ignominie et recoudre ainsi le tissu social.
Face au vide sidéral que constitue le traitement de ces atrocités par le gouvernement camerounais, le CPD.
1. S’incline devant la mémoire des compatriotes innocents massacrés à Ngarbuh et tous ceux qui ont perdu la vie dans cette sale guerre ! Assure les familles de sa fraternité et de sa solidarité inconditionnelle.
2. Invite les Camerounaises et Camerounais, partout où ils se trouvent en cette journée du 14 février 2021, à se vêtir en noir en signe de deuil et à observer publiquement à 12h :00 (heure du Cameroun) une minute de silence en mémoire des victimes de Ngarbuh et de toutes les victimes de la guerre dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.