Programme d’hévéas ou « lèt pou fè kawoutchou »: SHADA créé par décret en 1941, bénéficie d’un bail de 50 ans et dépossède des paysans de leurs bonnes terres pour planter le sisal

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Tweet "les caoutchoucs cryptostégiques sont parfaitement compatibles avec le meilleur caoutchouc d'hévéa et sont égaux à celui-ci,"

Le 1er août 1941, le président – (post-Occupation 1915-1934) – Elie Lescot, le ministre de l’agriculture, Maurice Dartigue, et le ministre des finances, Abel Lacroix, créent la Société Haïtienne de Développement Agricole (SHADA).

La SHADA fait donc partie de l’héritage politique laissé par Vincent à Lescot. Mais celui-ci ne s’imaginait pas que c’était un fardeau qu’il avait à porter durant son mandat  présidentiel. Il croyait plutôt qu’il s’agissait d’une aubaine dont il allait profiter pour se perpétuer au pouvoir. Dans tout le pays, nombreuses sont les petites et moyennes exploitations rurales défaillantes qui furent alors rachetées par la SHADA qui en ordonna l’arrachage des cultures vivrières pour faire place nette à l’hévéa, le crypstostégia (voir Marcel B. Auguste, loc.cit.page 307à309 et 376 à 402). Selon Gerald Brisson en 1943 la SHADA s’étendait sur quelque 140 000 ha de terres dont 58 400 consacrés à l’hévéa- culture 75 000 couverts par la foret des pins et 7 500 par le sisal (Plantation Dauphin) ce qui faisait plus de 21,55% des terres  cultivées en Haïti (Fondement  Économique de la situation révolutionnaire 1945-1946 en Haïti).

Et 80 ans plus tard, André Apaid bénéfice de cette même largesse de l’Etat haitien disposant à son gré en tout ou en partie des parcelles du territoire national et c’est BSAP qui se charge de leur surveillance. Jovenel Moise ne travaille paset n’a jamais travaillé dans l’intérêt du peuple haitien. Louvri je nou !

Samedi 13 février 2021 ((rezonodwes.com))–Alors que la guerre menace de faire rage en Europe, en 1939, le Département de l’Agriculture des Etats-Unis (USDA) lance un programme visant à développer la production de caoutchouc dans tous les pays tropicaux du continent américain.

En Haïti, le président Vincent demande aux États-Unis d’envoyer un conseiller agricole pour l’aide technique. Sur les recommandations du Dr Thomas Barbour (Université de Harvard) et du Dr David Fairchild (USDA), entre autres, Thomas A. Fennell est sélectionné et envoyé en Haïti en décembre 1939. T.A.Fennell possède une vaste expérience de l’agriculture tropicale et a travaillé à la station d’introduction des plantes de l’USDA à Chapman Field de 1928 à 1934. Il connaissait bien les études en cours sur le caoutchouc à Chapman Field.

1940

En mars, H.F.Loomis de la Division de l’introduction des plantes de l’USDA (Bureau of Plant Industry, USDA), effectue une enquête sur le caoutchouc en Haïti. Suite à ce travail, l’USDA entame des négociations avec le ministère haïtien de l’agriculture (HMA) pour établir une station expérimentale de caoutchouc hévéa à Haïti. Le programme de développement du caoutchouc de l’USDA a établi son bureau principal et sa pépinière au Costa Rica, et il est en train de créer une pépinière supplémentaire au Honduras et en Haïti.

Craignant la perte des plantations d’hévéas en Asie du Sud-Est, l’USDA envoie le professeur H.H.Bartlett (président du département de botanique de l’université du Michigan, Ann Arbor) aux Philippines en décembre 1940 pour ramener des plants d’hévéas à haut rendement des plantations de Goodyear à Mindanao.

1941

Au début de 1941, la HMA et l’USDA se mettent d’accord sur la création d’une station expérimentale de caoutchouc de l’USDA à Marfranc, près de Jérémie.

Le 12 février, le professeur Bartlett et 4 800 plants d’hévéa de la plantation de la Goodyear Rubber Company à Mindanao quittent les Philippines par bateau. Ils arrivent en Haïti le 9 avril, et la plantation est immédiatement lancée à Marfranc.

Pendant ce temps, T.A.Fennell, avec la coopération active du HMA, du gouvernement haïtien, du Département d’État américain et de l’USDA, propose un programme à long terme pour le développement de l’agriculture haïtienne axé sur les habitudes et les besoins du petit paysan. Les plans initiaux comprenaient l’amélioration de la qualité et de la quantité des grains de café et de cacao, le développement de petites plantations de sisal, d’hévéa, de citronnelle et de gingembre, le développement de l’artisanat et de l’art haïtiens, et l’amélioration des scieries et de la gestion forestière dans la Forêt des Pins.

Le 15 mai. Elie Lescot succède au président Vincent à la présidence d’Haïti.

Le 1er août 1941, le président Lescot, le ministre de l’agriculture, Maurice Dartigue, et le ministre des finances, Abel Lacroix, créent la Société haïtienne de développement agricole (SHADA). Les actions de la SHADA sont détenues à 100% par le gouvernement haïtien. Elle est financée par un prêt de 5 000 000 $ de la Banque d’Export-Import américaine. La SHADA bénéficie d’un bail de 50 ans sur 150 000 acres de forêt de pins et d’un monopole de 50 ans sur la vente et l’exportation de caoutchouc naturel de la République d’Haïti. SHADA est dirigée par un conseil d’administration de six personnes. Trois des directeurs sont nommés par le gouvernement haïtien (M.Dartigue, A.Lacroix, Georges Heraux), et trois des directeurs sont nommés par l’Export-Import Bank (Horace Darton, W.H.Williams. T.A.Fennell). T.A. Fennell est nommé président et directeur général, et Maurice Dartigue est nommé vice-président de SHADA.