Entre son d’incapacité à gérer le vestiaire des Lions Indomptables, son laxisme affiché, ses choix inefficaces et son impuissance à asseoir une véritable politique de jeu, le sélectionneur du Cameroun, à l’origine du malaise Choupo Moting, n’est pas à l’abri des critiques les plus acerbes en cette veille des barrages pour le Mondial 2022.
C’est la fête sur la pelouse du stade omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé ce samedi 05 février 2022! Les Lions Indomptables chantent en chœur, dansent, exécutent des chorégraphies d’ensemble et sont vivement ovationnés par un public largement acquis à leur cause. Cette euphorie contagieuse n’a d’égal que l’incroyable performance qu’ils viennent de réaliser. Mené 3-0, le pays-hôte de la Can 2021 a effectué une folle remontada en l’espace de 16 minutes avant de renverser le Burkina Faso aux tirs aux buts (3-3, 5-3 tab) à l’occasion du match pour la 3e place.
Hués pendant un long moment par les 13000 spectateurs qui ont fait le déplacement, les poulains de Toni Conceçao ont du se remettre à Stéphane Bahoken puis à deux coups de pattes du capitaine Vincent Aboubakar, rentré après la pause, pour remettre les pendules à l’heure. Les quintuples champions d’Afrique, éliminés depuis jeudi par les Pharaons d’Egypte, s’offrent ainsi la deuxième médaille de bronze de leur histoire.
Si Ambroise Oyongo Bitolo (auteur du tir qui a délivré le Onze national), Martin Hongla, Clinton Njié et Samuel Oum Gouet prennent les devants, ce n’est pas le cas pour Eric-Maxim Choupo Moting qui a plutôt le triomphe mesuré. En attendant que le dispositif du cérémonial de remise de médailles se mette en place, l’attaquant du Bayern de Munich devise en aparté avec Samuel Eto’o, venu féliciter ceux qu’il appelle affectueusement « mes jeunes frères » pour cette performance inespérée.
Même sans être dans la confidence, ceux des observateurs avertis qui suivent l’actualité au sein de la tanière, savent que la conversation entre le nouveau président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) et l’attaquant des Lions tournent autour du malaise qui règne au sein de la tanière et de la décision de l’ancien sociétaire de Stoke City, de ne plus répondre favorablement à la convocation du sélectionneur. Entre tapes amicales et échanges de sourires, les deux hommes vont remettre le débat à une date ultérieure.
Déballage
Dans une cuvette de Mfandena transformée en un night-club, les fans de la sélection nationale fanion n’ont que superficiellement ou pas du tout capté le malaise. Annoncé titulaire pour ce duel face aux Etalons, Choupo-Moting a finalement pris place en tribunes, remplacé au dernier moment par Christian Bassogog dans le onze de départ. Si le team press officer des Lions a justifié ce changement au pied levé par une blessure du concerné, la véritable raison est bien loin de cet alibi sorti du chapeau pour contenter la presse, elle-même surprise par ce revirement inattendu. Présent en zone mixte à l’issue de la rencontre, l’attaquant du Bayern Munich va décider de faire le grand déballage.
« J’ai parlé avec le coach. Je lui ai dit que pour le match, je ne me sentais pas bien psychologiquement, à cause de tout ce qui s’est passé ces derniers jours. Je suis très déçu et frustré parce que je suis venu aider l’équipe à gagner la Can. Et je mérite du respect. Le coach, lui, il m’a montré qu’il ne compte pas à 100% sur moi. J’ai fait cette remarque depuis un moment, surtout en quart de finale et en demi-finale. Pour moi, c’est un manque de respect. J’étais obligé de lui dire la vérité. Ne même pas pouvoir rentrer en jeu dans un match difficile de 120 minutes comme celui contre l’Egypte (en demi-finale, Ndlr.), pour moi ce n’était pas normal. Ça m’a vraiment fait mal. J’ai dit au coach qu’aujourd’hui, il fallait gagner ce match et pour le faire, il fallait mettre des joueurs qui sont bien dans la tête. J’étais à 100% avec l’équipe, mais je ne pouvais pas jouer », déroule l’ancien joueur du Paris Saint Germain (PSG).
Divorce consommé
Va-t-il donc continuer à défendre les couleurs du Cameroun ? Et la star du Bayern de se confier en toute sincérité : « j’aime mon pays le Cameroun. Mais j’ai dit au coach qu’avec lui, c’est difficile pour moi. J’adore jouer devant le public camerounais, j’adore représenter les couleurs du Cameroun. Mais vraiment, à un moment donné, on ne peut pas garder sa bouche fermée.
Je suis triste et déçu pour ce qui s’est passé. Je respecte les choix du coach, mais il faut aussi respecter les émotions des joueurs. Je n’ai pas un problème avec mon pays le Cameroun. Mais avec ce coach, ce n’est plus possible pour moi ». Le mot est lâché. Le divorce est consommé. Pour revoir Choupo Moting arborer les couleurs des Lions indomptables, il faudra attendre le départ de Conceçao.
Les assurances données en conférence de presse par ses coéquipiers sur la bonne ambiance qui règne au sein de la tanière n’étaient donc qu’un grossier prétexte pour maquiller le malaise qui enfle et les choix régulièrement critiqués du technicien portugais. Depuis que son brassard lui a été retiré, ChoupoMoting (11 matchs, 8 buts toutes compétitions cette saison) a aussi perdu sa place de titulaire indiscutable en sélection. La preuve : le Cameroun a disputé 6 matchs dans cette Can et le natif de Hambourg n’a débuté que deux fois (contre l’Ethiopie et les Comores).