Ethnie et religion

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Comment s’y retrouver avec les noms ethniques et les noms issus de religions. Nous venons de fêter le Nouvel An chinois. Or, ce dernier se nomme ainsi dans les autres pays en dehors de la Chine. Dans l’empire du milieu, le Nouvel An ne se nomme pas le nouvel An chinois. C’est comme si le passage du 31 décembre au 1er janvier en Angleterre se nommait le Nouvel An anglais. Dans beaucoup de cas, le nom ethnique se trouve accolé à un système de rite religieux. On trouve, en plus du Nouvel An chinois, encore cela à Maurice, car on nomme les pratiques religieuses des Tamouls la religion tamoule. Il est vrai qu’ici cela fait sens. Mais ailleurs, pas forcément. Toutes proportions gardées, c’est comme si l’on disait d’un catholique irlandais, le comparant à un catholique italien, que le premier pratiquait la religion irlandaise, et que le second pratiquait la religion italienne. Bien sûr qu’on trouve des différences entre les pratiques et le panthéon tamoul et ceux des autres cultes hindous à Maurice, comme on trouve des différences religieuses entre Irlandais et Italiens concernant leur pratique du catholicisme. D’après l’approche ethnosociologique, les Tamouls de Maurice sont un groupe ethnique et linguistique, issu du sud de la péninsule indienne (l’actuelle État du Tamil Nadu), pour faire très simple.

Parler de religion ou de culte chinois, c’est faire la même chose, c’est donner un ethnonyme à un ensemble de pratiques religieuses. Les sciences sociales observent ces phénomènes, mais ne l’intègrent pas forcément dans leurs propres catégorisations. Ce n’est pas unique : on trouve, par exemple, parmi ceux qu’on appelle les chrétiens d’Orient, l’Église arménienne. Les Arméniens sont une ethnie et ont une langue, et l’on trouve aussi dans leurs pratiques religieuses une Église orthodoxe et une Église catholique, se nommant toutes les deux arméniennes (la catholique est de rite arménien). D’autres exemples existent dans le monde où la dénomination ethnique, régionale ou nationale nomme une pratique religieuse. Le contraire existe aussi, lorsque la catégorie religieuse désigne à la fois un groupe ethnique, comme c’est le cas avec le mot «juif», qui désigne à la fois un pratiquant d’une religion et la reconnaissance d’un groupe social distinct des autres groupes. Ainsi il est donc difficile, parfois, de séparer le groupe ethnique ou linguistique du religieux, mais on peut toujours le faire si on raisonne de la manière dont la sociologie, l’ethnologie ou l’anthropologie opèrent.