Et maintenant, c'est le variant britannique qu 'il faut prendre au sérieux

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«Redoubler de vigilance» et «se conformer strictement aux mesures préventives ». Le champ lexical utilisé samedi après-midi par le ministère de la Santé dans un communiqué révélant la détection de 21 nouveaux cas du variant britannique du Sars-Cov2 est sans équivoque. Il symbolise non seulement la crainte d’une accélération de l’épidémie, mais aussi la menace qui pèse sur une campagne de vaccination pour le moment réussie et dont les perspectives s’avèrent, a priori, satisfaisantes. En effet, jusqu’à présent, les autorités sanitaires ne pouvaient rêver d’un meilleur départ pour la campagne de vaccination nationale contre le nouveau coronavirus. Sur les 30 millions de personnes ciblées, 2.447.716 ont été vaccinées à la date du 20 février, dont plusieurs milliers ont reçu l’injection de la seconde dose du remède conçu par CNBG Sinopharm, vendredi et samedi derniers. Mais ce parfait scénario et le bon déroulement de la campagne de vaccination «pourraient être menacés» souligne le ministère de la Santé.

Alors que le nombre de malades en réanimation est passé sous la barre des 500 (423), c’est surtout la possible présence de souches du Sars-Cov2 qui inquiète au plus haut point les autorités. A dire vrai, un mutant, le britannique. Car, d’après le Consortium des laboratoires en charge de la veille génomique et du suivi des souches circulantes au niveau national, créé dans le cadre de la stratégie de veille génomique mise en place par le ministère de la Santé pour la recherche des nouveaux variants du SARS-CoV2, aucun autre variant n’aurait été détecté dans le Royaume. Donc, il n’y a aucune trace des mutants sudafricain et brésilien sur le territoire national. Une bonne mais surprenante nouvelle, d’autant que les liaisons aériennes entre le Maroc et l’Autriche, entre autres, ne sont pas suspendues. OrleTyrol est considéré comme le plus gros foyer en Europe du variant sudafricain.

Pour l’instant, c’est le variant britannique qui se trouve dans le collimateur des autorités sanitaires. Apparu fin décembre à Kent, dans le sud de l’Angleterre, le premier cas du variant britannique a été enregistré mi-janvier dans le Royaume et plus précisément au Port de Tanger Med. L’individu contaminé était « un citoyen marocain en provenance d’Irlande sur un navire qui a pris son départ de Marseille », selon le communiqué du ministère. Depuis, on en est à 24 cas, en comptant les 21 nouveaux détectés. La peur alimentée dans le monde entier par ce variant est née de sa transmissibilité supérieure à celle dessouches précédentes, de l’ordre de 30 à 50%. Sans oublier sa proportion à contaminer plus facilement les enfants. Cette crainte s’est accrue encore plus avec l’apparition du variant sud africain. Et pour cause, si la souche britannique du Sars-Cov2 serait vulnérable aux vaccins utilisés au Maroc, c’est un peu moins le cas pour son cousin sudafricain. Du moins, d’après les chercheurs de l'université du Witwatersrand à Johannesburg. Ces derniers ont réalisé une étude qui leur a permis d’affirmer que le vaccin britannique, AstraZeneca, utilisé également au Maroc, n'est efficace qu'à 22% contre les formes modérées du variant sud-africain. En conséquence, les autorités sanitaires sud-africaines ont cru bon de suspendre la campagne de vaccination, dont le top départ devait être donné début février. Mais l’étude a été déjugée une semaine plus tard par les experts de l’Organisation mondiale de la santé, estimant que l’échantillon n’était pas suffisant pour statuer sur le sujet.

L’OMS avait, par ailleurs, pris la défense du vaccin développé par le laboratoire anglo-suédois AstraZeneca, face à un scepticisme grandissant, aux quatre coins de la planète. Pourtant, encore faut-il le rappeler, la campagne de vaccination dans le Royaume se déroule sereinement et sans accroc. Cela dit, la cadence de vaccination ralentit en l’attente d’une nouvelle livraison de vaccins. A l’heure où l’on écrit ses lignes, le Maroc a reçu en tout et pour tout 6millions de doses du vaccin Covishield concocté par le Serum Institute of India, et un million de doses du laboratoire chinois CNBG Sinopharm. On est encore loin des 20 millions et 40,5 millions de doses commandées par le Royaume respectivement à AstraZeneca et Sinopharm. D’ailleurs, s’agissant du laboratoire chinois, le gouvernement marocain lui aurait demandé une vision claire sur les prochaines livraisons tant l’enjeu est de taille, aux antipodes des commandes envoyées.

Chady Chaabi