Grève générale, tension, difficultés financières et comptes bancaires saisis: Tunisair face au pire scénario !

/sites/default/files/imported_articles_images/node__301.jpg

Ce que nous avons longtemps redouté est malheureusement en train de se concrétiser à Tunisair. Au cœur d’une crise financière sans précédent, le transporteur national n’est même pas capable de payer les salaires de ses fonctionnaires ni d’honorer ses engagements envers ses fournisseurs Bref, la situation est déplorable, voire catastrophique, alors que le plan de sauvetage et de restructuration tarde toujours.

Hier, au siège social de la compagnie à Tunis, la tension était palpable. Tous les agents de Tunisair avaient entamé, depuis midi, une grève ouverte et ont organisé un rassemblement syndical supervisé par Noureddine Taboubi, secrétaire général de la Centrale syndicale. Ensuite, un autre rassemblement a été également observé à l’intérieur de l’aéroport Tunis-Carthage.   

La tension est à son comble au sein de Tunisair, qui traverse une période critique. Confrontée à de nombreux problèmes, la compagnie doit faire face désormais à une grève ouverte de ses agents et cadres. En effet, tous les syndicats de ladite compagnie se sont unis pour annoncer la grève. Un rassemblement populaire a été ainsi organisé dans son siège social, où les sit-inneurs ont réclamé surtout un plan de sauvetage au profit de la compagnie.

Contacté par La Presse, Anis Samti, secrétaire général des cadres de Tunisair, explique que cette grève intervient dans l’unique objectif d’alerter contre la «situation catastrophique dans laquelle se trouve actuellement Tunisair». «Depuis trois ans, on évoque sans cesse des plans de sauvetage et de restructuration mais sans suite. Tunisair est livrée à elle-même, on gère la situation avec nos propres moyens», a-t-il témoigné, appelant à une action immédiate de la part de l’Etat pour éviter le pire, car selon ses dires, le transporteur national risque de cesser activité au vu de la dangerosité de la situation.

Notre interlocuteur ajoute qu’actuellement, seulement trois avions sont opérationnels, alors que la compagnie n’a pas encore fait ses plans commerciaux à quelques semaines de la saison estivale. Bref, il dresse un bilan et une image inquiétants du transporteur national qui est très loin de ses meilleurs jours.

L’Etat appelé à intervenir

Au fait, le ministre du Transport et de la Logistique, Moez Chakchouk, l’a dit, on ne peut plus clair : Tunisair est dans un état extrêmement difficile, une action gouvernementale s’impose, sinon le transporteur ne survivra pas. Pour lui, une intervention de l’Etat est indispensable pour surmonter cette phase avant même de penser à un plan de restructuration, annonçant qu’un plan de sauvetage sera mis en place incessamment. Et d’ajouter que Tunisair est aujourd’hui dans l’incapacité de payer les salaires des fonctionnaires ni les fournisseurs et les prestataires de services.

Anis Samti a également confirmé cette information. Pour lui, Tunisair trouve d’énormes difficultés pour payer ses salaires car elle gère son budget au jour le jour sans aucune visibilité ni plan de sauvetage.

Comptes bancaires saisis !

Faisant face à d’énormes soucis financiers comme le confirmait récemment le ministre du Transport et de la Logistique, Tunisair se trouve dans l’impasse, et sans intervention directe de l’Etat, le scénario d’une faillite n’est pas à rejeter.

Si la crise du coronavirus et la chute drastique du trafic aérien ont enfoncé le clou, Tunisair connaît, depuis la révolution, une situation financière peu confortable. Sa gestion, en l’absence d’un véritable plan de restructuration, se fait jour le jour. D’ailleurs, face à cette situation et au cœur de cette phase critique dans l’histoire de la Gazelle, la filiale tunisienne de la société turque de gestions des aéroports TAV a procédé à une saisie sur les comptes de Tunisair dans le recouvrement de huit millions d’euros, l’équivalent de  vingt-neuf millions de dinars. TAV Tunisie, par le biais de sa directrice générale, Kehna Mamlouk, explique que «ce recouvrement intervient suite à un cumul de dettes de 20 millions d’euros (65,6 MD), sans compter les pénalités de retard qui remontent à l’année 2015».

«Nous ne demandons pas à Tunisair de payer toute la somme des impayés qui a fait l’objet de la saisie conservatoire (8 millions d’euros), mais une partie des impayés, qui sera déterminée selon les négociations et nous sommes également prêts à procéder à un rééchelonnement de nos créances auprès de Tunisair», a-t-elle avancé, elle qui dirige la filiale tunisienne de la société turque qui gère les aéroports Enfidha-Hammamet et Monastir Habib Bourguiba.

Sauf que suite à une réunion au sein du ministère du Transport et de la Logistique, il a été décidé, hier, de lever toutes les saisies effectuées par la société TAV Tunisie sur les comptes bancaires de Tunisair. Dans un communiqué rendu public, le ministère précise qu’il a été également décidé d’entretenir de nouvelles négociations entre TAV Tunisie et Tunisair pour déterminer la valeur des dettes et rééchelonner leur paiement.

Olfa Hamdi au cœur de la tourmente

Au fait, depuis sa nomination en tant que nouvelle P.D.G. de Tunisair, la présence d’Olfa Hamdi dérange les syndicats. Dès sa prise de fonctions, elle avait été confrontée à une grève de la part de certains agents de Tunisair. Le premier responsable de l’Ugtt, Noureddine Taboubi a également regretté le choix de placer cette jeune femme à la tête du transporteur national. Selon lui, ce n’est pas la bonne personne qui a été placée à la barre de Tunisair. Taboubi va jusqu’à dire que la nomination d’Olfa Hamdi à la tête de Tunisair s’inscrit dans un « objectif destiné à détruire la compagnie ».  Il soupçonne également la nouvelle dirigeante de Tunisair de vouloir servir des plans visant à «céder la compagnie nationale à des parties étrangères».