C’est un homme serein et déterminé qui nous accueille au troisième étage de l’institution spécialisée dans la diffusion de la culture scientifique et technique à l’échelle nationale et la plus prisée de la capitale depuis des décennies. Malgré les difficultés et les obstacles conjoncturels qui ont réduit quelque peu l’activité et l’attractivité de la Cité des sciences depuis que la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 fait rage en Tunisie, le premier responsable de la Cité des sciences met les bouchées doubles pour relancer la machine.
M.Féthi Zagrouba, veuillez nous présenter exhaustivement la CST, ses domaines d’intervention, ses nouveaux objectifs et vos ambitions personnelles à la tête de cette prestigieuse institution nationale.
La mission de la CST consiste en la diffusion et la dissémination de la culture scientifique auprès de la population tunisienne notamment les jeunes et sur tout le territoire. Dans ce cadre-là, ses activités doivent répondre à toutes les attributions. La CST comporte des espaces scientifiques, thématiques, des pavillons scientifiques de la Vie et de l’Homme, l’Univers, le planétarium, Explora pour explorer les principes physiques et mécaniques de la nature, de la biologie. Elle dispose de beaucoup d’espaces scientifiques à destination des visiteurs. Le parcours est assisté par des médiateurs qui ont quelques années d’ancienneté et qui savent comment vulgariser les notions scientifiques au grand public, les différentes tâches pour les niveaux scolaire et universitaire. De même, il existe un centre de congrès qui est dédié à l’organisation de manifestations scientifiques soit par la CST soit avec des partenariats avec des composantes de la société civile ou savante. On loue nos espaces à d’autres partenaires pour l’organisation de manifestations dites « événementielles ». Le congrès dispose d’un auditorium bien équipé, des ateliers pour les séminaires ou les cycles de formation assurés par des bureaux de formation. Il y a des espaces découverts et couverts avec des aires d’expositions en plein air, temporaires, mais aussi des espaces culturels pour les manifestations scientifiques et technologiques. On a une résidence avec une importante capacité d’accueil de plus de 500 personnes pour les congrès, une cafétéria et un restaurant et toute une logistique pour assurer comme il se doit, et dans les meilleures conditions de visite, le transfert du savoir auprès de la population. On pense aux personnes qui habitent les villes intérieures du pays, qui n’ont pas les moyens de se déplacer et qui nécessitent la disposition d’un bus équipé pour la vulgarisation scientifique appelé « itinérance » qui sera renforcé par d’autres bus. Il faut veiller à ce que ces activités se déroulent dans les meilleures conditions pour remédier à la situation. On assure de meilleures conditions de travail du personnel pour bénéficier de distractions dans leur enceinte culturelle avec l’aménagement de terrains pour le sport et autres. Il y a des travaux d’entretien et de maintenance de beaucoup d’équipements qui ne fonctionnaient pas ou mal. Nous sommes engagés pour remettre en état l’ensemble des équipements. Face aux difficultés financières que vit le pays, nous nous sommes dits que nous devons mobiliser des fonds de l’extérieur et nous avons travaillé pour promouvoir les partenariats avec la cité pour bénéficier de moyens afin d’assurer les activités qui ne cessent d’augmenter face à une réduction des fonds propres. Notre institution a subi le revers néfaste du confinement général qui a enregistré une baisse des visiteurs sur l’année 2020 par rapport à 2019 de plus de la moitié en passant de 100 000 à 30 000 visiteurs.
Il y a des projets en phase d’étude pour construire des antennes de la Cité des sciences à Jendouba, Gabès et Sfax. Celle de Tataouine est déjà fonctionnelle, celle de Kébili va démarrer en 2021 et une autre à Kasserine prévue en 2022, est en phase d’expansion grâce à la coopération internationale notamment avec l’agence sud-coréenne KOICA, mais aussi avec le Japon et la Chine, pour les équipements technologiques et informatiques, communications et interactions nouvelles avec les jeunes et les projections 3D pour répondre au basculement total des moyens de communication et d’exploration vers le numérique à cause de la crise sanitaire due au coronavirus.
Pourquoi les partenariats internationaux de la CST se focalisent-ils sur des pays d’Extrême-Orient comme le Japon, la Corée du Sud et la Chine ?
Ce sont des pays producteurs par excellence. On a envoyé des correspondances à de nombreux pays développés mais ceux qui se sont rapidement mobilisés et qui ont réagi à notre demande viennent du Japon, de la Corée du sud ou encore la Chine pour le moment. Mais également de pays européens comme la Belgique et l’Espagne pour échanger avec eux leurs expériences réussies avec le parc scientifique de Grenada (Espagne) pour nous transmettre le savoir en la matière et échanger quelques équipements et organiser des visites de formation, notamment. Ce projet s’inscrit dans le cadre du développement des compétences locales et du renforcement des capacités humaines et matérielles de la CST et assurer le rôle qui lui est confié. Un projet d’envergure avec l’Union européenne qui va servir de catalyseur pour la CST qui dispose d’un potentiel énorme en termes de ressources humaines et de logistique va lui permettre d’agrandir ses moyens pour accompagner la jeunesse dans le milieu estudiantin, ses chances d’employabilité sur le marché du travail et bien plus encore. On aimerait que la jeunesse saisisse les opportunités de développement qui vont se présenter à elle prochainement, à travers l’innovation et la création d’entreprises.