Avec un continent de plus en plus touché par des scandales financiers, des menaces cybernétiques, de nouvelles technologies, des exigences en matière de transparence et par un environnement réglementaire en constante évolution, les exigences imposées au DAF d’aujourd’hui sont alors devenues plus strictes que jamais.
Dans ce contexte, il est donc devenu nécessaire de redéfinir le rôle des DAF, c’est-à-dire, ce qu’ils font exactement et quelles sont alors les compétences et les qualifications fondamentales requises pour exercer leur métier. Par conséquent, cela a mis en évidence la nécessité d’instaurer un réseau offrant davantage de soutien aux cadres financiers en Afrique, ainsi qued’offrir, à ces spécialistes du continent, une description générale du rôle de DAF.
Pour faire face à ce besoin, des pays dont l’Afrique du Sud, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc ont collaboré afin de structurer davantage la fonction de DAF, et cela, sous la forme d’une organisation africaine destinée aux cadres financiers du continent. Cette organisation offrira un meilleur soutien à la profession, ainsi que des possibilités de réseautage et un accès partagé à l’information.
De ce fait, l’Institut des comptables de l’Afrique australe (Saiba) s’est récemment associé à des organismes similaires, établis au Lesotho, au Maroc et en Tunisie, pour créer une nouvelle organisation représentant et réglementant le métier de DAF en Afrique, à savoir le «Finance Executive Institute Africa» (Feia).
Cette action concertée vise à aider les pays démunis de tout organe local représentant la profession de DAF, à développer leurs propres organismes, ainsi qu’à créer une fonction de réseautage entre les cadres financiers répartis dans toute l’Afrique pour partager les « bonnes pratiques » et pour normaliser des codes de déontologie et des compétence. Et tout cela, dans le but de garantir que les entreprises opérant en Afrique bénéficient du même niveau de service et de qualité de la part des DAF du continent.
Nicolaas van Wyk, P.-d.g. de Saiba, nous présente un contexte justifiant la nécessité de développer une organisation destinée aux cadres financiers en Afrique. «Lorsque les pays africains ont obtenu leur indépendance face aux pays colonisateurs, ils n’ont pas pour autant systématiquement obtenu un siège à la table mondiale et ils n’ont pas été traités comme des égaux. Par exemple, dans le cadre d’une demande de financement, les pays africains doivent passer par l’intermédiaire des pays européens».
«Cette tendance se poursuit aujourd’hui et a été exacerbée par la pandémie mondiale et par la dernière récession. A l’heure actuelle, nous avons un autre combat à mener pour les ressources et, malheureusement, lorsque l’Afrique se représente elle-même, elle perd souvent au profit d’autres pays. Où en sommes-nous? Peut-être au même stade que dans les années 1950, lorsque l’Afrique a dû se repositionner avec des mouvements nationalistes et indépendantistes face à l’Amérique, l’Europe et à l’Asie».
Afin de gagner son indépendance, l’Afrique doit s’aligner non seulement au niveau politique, mais aussi au niveau financier.
Les DAF du continent doivent prendre conscience du rôle primordial qu’ils jouent à grande échelle, en tant que professionnels de la finance travaillant pour de grandes entités publiques, des conglomérats internationaux ou pour des entreprises privées. Cette prise de conscience de la part des cadres financiers permettra un soutien à l’Afrique lors de sa représentation auprès de la Banque mondiale, de l’ONU ou auprès d’autres institutions financières internationales, en garantissant que le continent adopte une position africaine qui protège son économie.
Bien que le développement de cette organisation africaine adressée aux DAF se justifie d’abord pour des raisons d’ordre philosophique, sur un plan plus pratique, cette initiative permettra aussi de renforcer l’uniformité et la responsabilité des cadres financiers.
«Tout d’abord, il doit y avoir un réel sentiment d’identité africaine. Sans cela, les DAF continueront uniquement d’aider les grandes entreprises à transférer de l’argent hors de l’Afrique, et cela, au profit des économies d’autres continents, ce qui doit changer si nous voulons bâtir une économie africaine solide», explique Monsieur van Wyk.
Meriam Ben Boubaker, présidente de l’Association tunisienne des contrôleurs de gestion et responsables financiers (Cogeref), une association à but non lucratif créée en avril 2011, affirme que le positionnement du continent africain n’a pas besoin d’être défendu, ni discuté.