La cour d’investigation pour faire la lumière sur le naufrage du vraquier japonais a commencé ses travaux hier. La première journée d’audition a été consacrée au directeur adjoint du département Shipping et au commandant de la NCG.
L’ancienne Cour suprême est quelque peu animée. D’un côté, des avocats font leur entrée et viennent saluer leurs confrères et, de l’autre, les membres d’équipage du MV Wakashio qui conversent en groupe. Il était prévu que ces derniers déposent hier pour le coup d’envoi de la cour d’investigation qui devrait faire la lumière sur les circonstances qui ont mené à l’échouement du vraquier japonais battant pavillon panaméen. Devant l’ex-juge Abdurraffeek Hamuth qui préside la cour et ses deux assesseurs, Jean Mario Genevieve, Marine Engineer, et Johnny Lam Kai Leung, Marine Surveyor, le capitaine Asiva Coopen, directeur adjoint du département Shipping, a presque monopolisé la première audition.
Le capitaine Coopen a fait des révélations à la pelle, à partir d’un rapport préliminaire qu’il a effectué le 6 août 2020. Il a affirmé à plusieurs reprises que le MV Wakashio a dévié de sa trajectoire initiale à trois reprises en violant l’innocent passage. Il explique que cela s’est produit quand le vraquier s’est approché jusqu’à un mille nautique des côtes indonésiennes. La plus grosse déviation était cinq jours avant son échouement au large de la côte sud-est. Le navire a changé de trajectoire encore une fois à environ 22 milles nautiques des côtes mauriciennes avant de venir s’encastrer dans les récifs de Pointe d’Esny. L’échouement du Wakashio est dû à la négligence, assure-t-il.
Après la pause déjeuner, le capitaine Coopen a fait de nouvelles révélations de taille. Répondant à une question d’un des deux assesseurs, il a révélé que la MPA ne possède pas de salvage tug (remorqueur de sauvetage). «Je ne suis pas sûr que le remorqueur aurait pu immobiliser le Wakashio. Il aurait fallu un plus grand remorqueur. Nous n’avons pas d’expertise en sauvetage. Les remorqueurs du port sont utilisés uniquement pour manœuvrer les bateaux. They are not salvage tugs.» Certains remorqueurs du port étaient en réparation, a-t-il ajouté, comme rapporté par le Port Master (NdlR : le capitaine Barbeau qui a fait une demande de congé après le naufrage du Sir Gaëtan).
La présence du VB Cartier, un Platform Supply Vessel, a également fait l’objet de questions du panel. À une question, le capitaine dira que le VB Cartier était à Maurice pour le Covid-19 également. Durant la première tranche, le capitaine Coopen a aussi révélé qu’il y avait bel et bien un anniversaire à bord et que le capitaine du Wakashio avait consommé deux pegs de whisky. «Was it a dry ship?», lance un des assesseurs. L’on apprendra par la suite qu’il y avait beaucoup de boissons al- coolisées et de cigarettes à bord et que l’inventaire était effec- tué par le chief steward. Quant au capitaine, il était au courant car il doit déclarer l’inventaire au port. Ce n’est qu’à 14 h 24 que l’interrogation du capitaine Coopen a pris fin.
Place ensuite au commandant de la National Coast Guard (NCG), le capitaine Manu. Si ce dernier a maintenu que les appels de la NCG sont restés sans réponse de 18 h 15 jusqu’à 19 h 25 – quand le naufrage avait déjà eu lieu – qu’une ligne de communication a enfin pu être établie avec le vraquier. Cependant le représentant de l’attorney general Rajcoo- mar Baungally a voulu savoir quelles autres actions auraient pu être prises pour établir le contact avec le MV Wakashio ? Dans sa réponse, le numéro 1 de la NCG dira que les mouvements du vraquier n’étaient pas suspects et n’exigeait pas le déploiement du Dornier ou du CGS Barracuda. «Il n’y avait pas de changement de vitesse pour soulever des soupçons. Une mer houleuse rendait l’accostage d’une petite embarcation impossible. Barracuda requires 4 hours’ notice to attend a casualty. Le Dornier aurait pris deux heures.»
Ne pouvant pas répondre à d’autres questions pertinentes faute d’informations, le commandant Manu sera de nouveau entendu à la reprise après le déjeuner. La séance du jour débutera avec les dépositions des membres d’équipage.
Mitsui OSK répond à Forbes
Suivant un article paru dans l’édition du 6 janvier de «Forbes», sur l’implication de British Petroleum Company Ltd (BP) dans le naufrage du Wakashio, Mitsui O.S.K Lines (MOL) a riposté, le 18 janvier, soulignant être en désaccord total avec l’article et rejetant l’analyse qu’il contient, sur la base d’une interprétation trompeuse des informations, non liées, et à des conclusions gravement erronées. Ce dernier soutient que la cause de l’incident fait l’objet d’une enquête des autorités locales et devrait être rendu public devant les tribunaux mauriciens en temps voulu. Ainsi, MOL continuera à coopérer pleinement aux enquêtes en cours : «Il a été établi qu’aucun problème mécanique quel qu’il soit n’était impliqué dans l’échouement. Et aucun rapport n’est allé dans le sens, ou concernant un problème de carburant durant la période précédant le naufrage. L’article ne produit aucune preuve de ce genre.» MOL indique continuer son vaste programme de soutien destiné à Maurice et à l’environnement, en collaboration, avec les autorités locales.