Nous avons cru jusqu’au bout à nos chances. J’ai écrit de nombreuses chroniques, afin de rappeler que, le fait pour le Cameroun, pays redouté par les autres nations, d'organiser une coupe des nations, donnerait à tous ses adversaires de toujours, l’occasion de se préparer fébrilement. Mais le Cameroun croit toujours qu'en jouant à domicile, les dieux lui seront favorables parce qu’il a souvent dompté ailleurs.
Hier soir, le vent a tourné, et le football a changé d’âme, au moment où une langueur mortelle s’empare de nous, avec le souci bien précis que de pleurer, tel un enfant qui voit le bateau qui devait l’embarquer, lever l'ancre sans lui. Le Cameroun a raté son rendez-vous avec l’histoire. Quand on aime son pays, il est impossible de ne pas vivre cette fièvre pour des jours ; c’est une véritable humiliation que le Cameroun vient de subir devant son public. Comme en 72, on se souviendra longtemps de cette coupe de l'ère moderne. Au cours des matchs, les joueurs Camerounais avaient trouvé un plaisir à jouer devant un public qui lui était acquis ; voilà que cette nuit, cette joie, ce dynamisme partagé, s’est éteint dans une désillusion suivie dans le monde entier ; c’est donc vrai, ceux qui disaient qu’on n’avait pas encore eu un adversaire de taille. C’est devant son rival le plus acharné que le Cameroun a arrêté sa course, laissant partir un titre que personne n’était capable de lui contester.
Lorsque cette compétition a commencé, nous étions les premiers à encaisser un but au match d’ouverture ; dans un nouveau stade comme celui-là, cela annonçait un symbole funeste de ce qui adviendrait. Lorsque le burkinabé a marqué le premier but sur notre nouveau stade Olembé, j'ai compris que c'était le signe d'une défaite prophétique au cours du tournoi. Dès cet instant, nous n’étions plus bien partis pour remporter pour celui qui est un peu voyant.
Dans une demi-finale qui semblait pourtant échapper aux Égyptiens au fil des minutes, on les a pressés dès l’entrée, mais aucun but pour nous libérer.
Les lions indomptables, malgré vents et marées avaient tenu bon jusque dans les prolongations d'un match houleux ponctué de quelques occasions de buts. En deuxième mi-temps les Camerounais ont manqué de vivacité, de la technique dans une mauvaise organisation de jeu, ils jouaient avec des jambes qui pesaient ; ils ont manqué d’être héroïques, un manque de concentration ; ils évoluaient comme s’ils se préoccupaient d’encaisser que d’acquérir la victoire ; prisonnière de cette attitude ils semblaient ligotés comme on ne les a jamais vu s’exercer. Tout se passait comme si un ressort s’était cassé ; cela n’a pourtant rien à voir avec une usure physique, le groupe n’était pas au mieux dans sa collectivité ; l’esprit de conquête semble avoir déserté notre équipe depuis longtemps. Le talent ne suffit pas. Le Cameroun est un pays qui a toujours joué avec son mental, en pensant à la finale de dimanche, ils ont oublié de s’extérioriser.
Humilié et déshonoré, le sport camerounais va connaître les mois à venir des heures chaudes, puisqu’il faut évidemment que les responsables paient. Notre sport est dirigé avec légèreté, il faut des dirigeants charismatiques à tous les nouveaux. On ne gagne pas avec des promesses ou avec des souvenirs des épopées. C’est ça qui tue l’homme camerounais, il croit que son passé est toujours présent. Par ailleurs, certaines personnalités ont mis les lions sous leur domination, c’est aussi là que peut venir ce mauvais présage. Il pleut sur notre football.
Cette coupe nous laisse en tout cas l’impression d’un rendez-vous manqué et le goût amer d’une fête inachevée ; pourtant, on nous a promis monts et merveilles. La coupe s’est montrée très rebelle ; à chaque match devant des petits pays, nous avons encaissé, sauf devant la Gambie. Le spectacle est loin d’être inoubliable ; il n’y a que le palmarès pour enfler la légende d’une équipe ou d’un joueur, tant que vous n’avez rien remporté, on vous oublie.
Quand le Cameroun et d’Egypte se croisent, c'est toujours un match crucial. C'est un duel sans merci. Les Camerounais avaient supporter à bouche-que-veux-tu l’équipe égyptienne contre la Côte d’Ivoire, les dieux ne pouvaient plus pronostiquer en notre faveur puisse qu’on avait donné notre âme à l’Egypte. Soyons souvent sages, la nature nous parle.
Reste à savoir dans quel état d'esprit les Camerounais vont aborder cette rencontre contre l’Algérie le 21 mars prochain ; les camerounais, qui n'auront pas droit à l'erreur, doivent rebâtir une autre équipe en un mois, s’ils ne veulent pas être éliminés dans la course à la phase finale de la Coupe du Monde de la FIFA, Qatar 2022.
Pour finir, il faut reconnaître que le parcours du Sénégal et de l’Egypte sont des victoires logiques ; ces deux pays ont su gérer leur compétition à la perfection. Le Sénégal est ma seconde patrie, j’y ai fait des études en travaillant, c’est un pays qui m’a tout donné, j’aurai la même joie de le voir gagner comme si c’était le Cameroun.