Arrestation et détention arbitraire : la cheffe des droits de l’homme de l’ONU déplore le sort réservé aux opposants en Guinée, aux Comores et en Ouganda

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La cheffe des droits de l’homme de l’ONU s’est inquiétée, vendredi, du sort des militants de l’opposition et de membres de la société civile arrêtés en marge de l’élection présidentielle d’octobre dernier en Guinée

Samedi 27 février 2021 ((rezonodwes.com))– « L’arrestation et la détention de membres de l’opposition et d’activistes de la société civile sous de fausses accusations d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État, dans le contexte des élections présidentielles de l’année dernière, sapent gravement les fondements de la gouvernance démocratique », a déclaré la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet.

S’adressant aux membres du Conseil des droits de l’homme à Genève, Mme Bachelet a exhorté Conakry « à libérer toutes les personnes détenues pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et de participation, et à garantir des procès équitables aux personnes accusées d’infractions pénales ». Elle également appelé les autorités guinéennes à « accélérer les procès des détenus de droit commun » et à améliorer leurs conditions alimentaires et sanitaires.WHO/Christopher BlackL’Afrique a besoin de disposer de vaccins COVID-19 sûrs et efficaces en temps utile.

La légitime demande de jouer un rôle dans l’élaboration des politiques

Dans le cadre de la pandémie de Covid-19, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU a ainsi réitéré son appel en faveur de « la libération des personnes particulièrement vulnérables, notamment les détenus âgés et malades, ainsi que les délinquants à faible risque ».

La Haut-Commissaire s’est dite préoccupée par la situation aux Comores, notamment par le rétrécissement de l’espace démocratique. Une situation qui se manifeste par la poursuite des restrictions aux libertés d’expression et de la presse, la détention continue et souvent longue de militants de la société civile et de membres de l’opposition politique, ainsi que les poursuites injustifiées de journalistes.

« Partout dans le monde, les gens manifestent clairement leur demande légitime de jouer un rôle dans l’élaboration des politiques », a pourtant rappelé Mme Bachelet, relevant qu’agir en fonction de cette demande est le seul moyen de gagner la confiance du public. « Et c’est aussi le meilleur moyen de mener des politiques qui sont basées sur des réalités vécues et améliorées par un retour d’information franc et constant », a-t-elle insisté, dans un message vidéo pré-enregistré en raison de la pandémie de Covid-19, à l’occasion de la présentation de son rapport annuel.

Hausse des abus au Mali l’an dernier

Au Mali, les services de Mme Bachelet se sont alarmés de la hausse des cas de meurtres et autres violations et abus graves signalés l’année dernière, ainsi que par la forte réduction de l’espace démocratique.

« J’encourage les autorités de la transition à agir rapidement pour que les auteurs présumés de graves violations des droits de l’homme, y compris au sein des forces de sécurité, soient poursuivis », a fait remarquer la Haut-Commissaire, préconisant des mesures immédiates pour renforcer la participation et le leadership civils dans l’espace politique, en mettant l’accent sur l’égalité des femmes.© WFP/Leni KinzliDes dizaines de milliers de réfugiés ont franchi la frontière entre l’Ethiopie et le Soudan pour fuir les violences dans la région du Tigré.

Le conflit du Tigré pourrait avoir de graves répercussions sur la stabilité régionale

S’agissant de la Corne de l’Afrique, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU s’est inquiétée des « allégations alarmantes de violations graves commises » par toutes les parties pendant plus de trois mois de conflit dans la région éthiopienne du Tigré.

Devant le Conseil des droits de l’homme, la Haut-Commissaire a déploré « des massacres, des exécutions extrajudiciaires et d’autres attaques contre des civils, y compris des violences sexuelles ». « Il est essentiel de mener des enquêtes crédibles sur toutes ces allégations, en veillant à ce que les auteurs de ces actes répondent de leurs actes », a dit Mme Bachelet aux Etats membres du Conseil.

L’ancienne Présidente chilienne s’est dit également « troublée » par les enlèvements et les rapatriements forcés de réfugiés érythréens vivant au Tigré, dont certains seraient aux mains des forces érythréennes. « Au moins 15.000 Érythréens qui s’étaient réfugiés sont portés disparus suite à la destruction de leurs abris. Associé à l’insécurité croissante dans d’autres régions d’Éthiopie, le conflit du Tigré pourrait avoir de graves répercussions sur la stabilité régionale et les droits de l’homme », a-t-elle dit.

La Covid-19 utilisée pour arrêter des opposants politiques en Ouganda

En Somalie voisine, l’inquiétude porte sur « les tentatives répétées de démanteler la protection juridique déjà faible accordée aux enfants et aux femmes, notamment en ce qui concerne la violence sexuelle et le mariage des enfants.

En Ouganda, les services de la Haut-Commissaire déplorent le fait que des directives présidentielles et d’autres règlements visant à lutter contre le coronavirus ont été utilisés pour arrêter et détenir des opposants politiques, des journalistes et des personnes perçues comme des voix critiques du gouvernement.