COVID-19: un Vendredi fou «sans folie»

La chasse aux aubaines aura une saveur particulière cette année, pandémie oblige. 
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Alors que le Conseil canadien du commerce de détail espère un Vendredi fou «sans folie» dans les magasins, environ 44 % des Québécois souhaitant profiter des rabais ont l’intention de magasiner en personne.
Le Vendredi fou, c’est une tradition importée des États-Unis qui vise à offrir d’importants soldes aux consommateurs le lendemain de Thanksgiving. Il s’agit pour plusieurs commerçants d’une période, avec le Cyberlundi, qui éclipse ou presque en popularité les traditionnels soldes de l’Après-Noël.
C’est notamment le cas du côté du détaillant de vêtements WLKN où les ventes durant ces périodes importantes de l’année sont similaires. Le PDG du groupe, Pierre-Olivier Mercier, espère que les consommateurs penseront à acheter aux entreprises d’ici. 
«On doit encourager les compagnies québécoises. C’est extrêmement important», dit-il. Son enseigne, qui compte huit boutiques, souffle ses dix bougies cette année.
En raison des contraintes liées à la pandémie, les rabais pour la grande messe du magasinage sont commencés depuis plusieurs jours chez certains détaillants, comme Ameublements Tanguay et Best Buy. L’objectif étant d’éviter les rassemblements dans les magasins et les centres commerciaux.
Le Conseil canadien du commerce de détail espère que cette stratégie marketing atténue l’engouement pour la journée même du Vendredi fou. Récemment, l’organisation a publié une étude révélant, entre autres, que 37 % des Québécois prévoyaient profiter des rabais offerts cette journée-là. 
«Nous avons tout mis en œuvre pour atténuer l’engouement en magasins. Nous faisons des rappels constants à nos membres sur l’importance de la distanciation sociale», avance le porte-parole, Jean-François Belleau. 
Le défi de la livraison
Le Conseil québécois du commerce de détail s’attend également à une journée plus calme que par les années passées. C’est du moins l’un des constats qui ressort après avoir pris le pouls des détaillants. 
«Historiquement, les deux semaines avant le Vendredi fou, c’était mort dans les magasins. Cette année, les deux dernières semaines ont été très bonnes. Je pense qu’une partie de l’achalandage du Vendredi fou est déjà passé dans les magasins», note le directeur général Stéphane Drouin.
Ce dernier craint toutefois d’importants délais au niveau des services de livraison au cours des prochaines semaines. 
«La chaîne de livraison risque de débarquer à partir de la semaine prochaine», prévient-il. 
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement et les détaillants demandent aux consommateurs de commencer plus tôt leurs achats des Fêtes cette année afin d’éviter les longues files d’attente. 
– Avec la collaboration de Francis Halin 

Explosion des colis… et des accidents  

Purolator prévoit traiter 1,3 million de colis aujourd’hui et 6,7 millions durant la semaine du Cyberlundi. Chez Postes Canada, on a déjà traité près d’un million de colis cette année au Québec, comparativement à 655 000 l’an dernier, et l’année n’est même pas finie encore.
Pour livrer ses colis, Postes Canada espère embaucher 350 facteurs au plus vite, mais déjà des milliers de livreurs sillonnent nos rues à toute vitesse pour que les Québécois puissent avoir leurs cadeaux sous le sapin de Noël.
Au Québec, ces cinq dernières années, le nombre de chauffeurs et livreurs a bondi de 2 %, de 33 100, en 2015, à 33 900 l’an dernier, mais les accidents de travail de ces travailleurs ont explosé de 34 %, passant de 1702, en 2015, à 2273 l’an dernier, selon des données de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).
L’effort excessif (2 008), la réaction du corps (1 886) et la chute au même niveau (1 537) figurent parmi les trois types d’accidents les plus fréquents chez ce type de travailleurs. 

Rabais ou pas ?  

Selon le professeur à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval, Yan Cimon, et le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD), les rabais entourant le Vendredi fou et le Cyberlundi devraient être similaires à ceux des dernières années chez la plupart des commerçants, et ce, malgré les impacts de la pandémie. D’ailleurs, pour plusieurs, les soldes sont commencés depuis quelques jours. 
Le professeur Yan Cimon estime aussi qu’il ne devrait pas avoir de changements majeurs. Il concède toutefois que certains commerçants ayant davantage souffert de la pandémie, notamment dans le secteur des vêtements, pourraient être tentés de restreindre leurs promotions. 
La direction de l’enseigne WLKN a notamment indiqué au Journal concentrer ses rabais le vendredi et le lundi et que les promotions seront «un peu moins importantes qu’à l’habitude». «En toute transparence, nous avons eu une difficile année», a mentionné le PDG, Pierre-Olivier Mercier.