Le décès de l’ancien ministre péquiste Marc-André Bédard, à la suite de complications liées à la COVID-19, a entraîné une série de touchants témoignages. Ardent indépendantiste, confident de René Lévesque et réformateur du système de justice, tous ont salué ses qualités humaines et d’homme politique.
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M. Bédard, âgé de 85 ans, a été victime d’une importante éclosion du coronavirus au Manoir Champlain, une résidence pour aînés où il habitait, au moment où le Saguenay–Lac-Saint-Jean est durement frappé par la pandémie.
Membre fondateur du Parti québécois, il est élu député de Chicoutimi dès 1973. Lors de la formation du premier gouvernement Lévesque en 1976, il est nommé ministre de la Justice. Il occupera ce poste jusqu’en 1984.
L’avocat de la défense devient réformateur : il crée le Conseil de la magistrature, dépoussière le mode de nomination des juges, ajoute à la Charte des droits et libertés l’interdiction de discriminer en fonction de l’orientation sexuelle et modernise le droit de la famille.
Un homme qui aimait le Québec
« Je porte mon nom de famille grâce à ses réformes. Il a réglé la question des enfants illégitimes, nés en dehors du mariage : tous les enfants ont maintenant le même statut. Et il a été reconnu par les groupes des droits des personnes gaies pour l’énorme travail qu’il a fait, lui qui était considéré comme un traditionaliste », souligne l’ex-première ministre Pauline Marois en entrevue avec Le Journal.
Photo d’archives
Le 3 juin 1999, le premier ministre du Québec de l’époque, Lucien Bouchard, et Marc-André Bédard dévoilent la statue de René Lévesque au Parlement.
À l’annonce de son décès, les hommages ont plu. « C’était un honnête homme qui aimait le Québec, qui aimait son peuple », a expliqué un autre ex-premier ministre, Lucien Bouchard, lors d’un émouvant témoignage sur les ondes de LCN.
Les deux hommes se sont connus alors qu’ils pratiquaient le droit à Chicoutimi, avant de faire de la politique.
M. Bouchard a rappelé que l’homme a continué son combat politique jusqu’à la fin : « Sa dernière pensée a été pour ses enfants et pour le Québec, je suis convaincu de ça ».
Un troisième premier ministre s’est joint aux hommages : « On perd un grand homme un grand amoureux du Québec », a affirmé François Legault.
Photo d’archives
Marc-André Bédard, alors député du Parti québécois dans la circonscription de Chicoutimi en 1973, est en compagnie de René Lévesque, chef du Parti québécois.
Un géant
Tous ceux qui ont côtoyé M. Bédard ont salué un grand diplomate, un gentleman qui avait des amitiés dans tous les partis.
Il « souhaitait convaincre sans confrontation », résume l’ancienne ministre Louise Harel.
« Il n’a pas fait de la politique pour gagner sa vie, il a fait de la politique pour faire un pays. Il a plus que mon estime, il a mon admiration », a lancé l’ancien chef du PQ et PDG de Québecor, Pierre Karl Péladeau, qui connaît bien deux de ses fils, Éric et Stéphane Bédard.
Contacté par Le Journal, le député de Jonquière Sylvain Gaudreault était sous le choc. « Je lui ai parlé après ma défaite à la course à la chefferie du PQ. Il m’a dit de ne pas lâcher parce que c’est la cause de l’indépendance et de la liberté qui était la plus importante », a-t-il dit.
Des réactions
« Il avait une loyauté sans faille à l’égard de ses convictions, de sa région et de René Lévesque. C’était un roc. »
— Pauline Marois, ex-première ministre
« C’est un personnage politique très important, au cœur des grands débats politiques de l’époque. Mais pour moi, c’est d’abord un ami très proche, et c’est une partie de ma jeunesse qui s’en va. »
— Lucien Bouchard, ex-premier ministre
« Il était un homme d’une droiture exemplaire, qui allait chercher le mieux dans chaque individu. Il a toujours été une source d’inspiration et a surtout incarné pour moi ce qu’il y a de mieux d’un homme politique. »
— Alexandre Cloutier, ex-député de Saguenay–Lac-Saint-Jean